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Rapport de l'Observatoire Cubain des Conflits 
sur les manifestations en novembre 2021 à Cuba

Traduction française réalisée par l'AFDC. Retrouvez le texte original en espagnol sur le site de Observatoire Cubain des Conflits

 

Au mois de novembre, 353 manifestations ont eu lieu à travers Cuba. Parmi celles-ci, 79 ont eu lieu le 15 novembre.

 

  • La radicalisation des manifestations s'est accentuée puisque 75% des manifestations réclament désormais les droits politiques et civils. Le mois de novembre a été marqué par la lutte entre la société civile et le gouvernement au sujet des marches civiques appelées par le Mouvement «Archipiélago» pour le 15 novembre.

 

  • Tendance à la hausse des protestations. La légère augmentation des protestations en novembre (8) par rapport à octobre (345) indique une poursuite de la tendance à la hausse depuis le début du suivi en septembre de l'année dernière (42). D'autant plus que le gouvernement pensait avoir écrasé la résistance du secteur culturel avec l'attaque du siège du Mouvement San Isidro le 26 novembre 2020. Depuis lors, plusieurs dates ont marqué l'ingouvernabilité croissante de Cuba : 27 novembre 2020, 28 janvier 2021, 11 juillet 2021 et maintenant 15 novembre.

 

  • Militarisation de l'île et continuité de la répression depuis le 11 juillet. Le 15 novembre a été la première fois en 62 ans que le ministère de l'Intérieur, ses forces paramilitaires et les FAR ont été contraintes à procéder à une occupation complète de toutes les zones urbaines et de nombreuses zones rurales, par le biais : d'opérations de répression, du déploiement de membres de la Sécurité de l'État en civil, d'actes de répudiation, de messages de menace et de la coupure sélective des lignes téléphoniques. Pour dissuader les manifestants potentiels de sortir le 15 novembre, le gouvernement a annoncé des condamnations arbitraires et excessives (y compris celles infligées à des dizaines de mineurs) aux manifestants du 11 juillet, des passages à tabac fascistes dans les rues et les prisons, des menaces de retrait de l'autorité parentale sur les enfants des manifestants potentiels, des tortures psychologiques sur les détenus et leurs familles, ainsi que des pressions sur les dissidents connus pour qu'ils quittent le pays.

 

  • Les manifestations liées aux droits politiques et civils (266) étaient motivées par des demandes de fin de la violence, de libération des prisonniers politiques, de droits pour tous les Cubains et de début d'un processus de changement vers la démocratie. Ont également été dénoncés des arbitralités et le manque de protection juridique des citoyens ordinaires ainsi que les condamnations injustes à l'encontre de manifestants pacifiques, la torture dans les prisons, les actes de répudiation, la répression, les passages à tabac, les assignations à résidence et les licenciements abusifs.

 

  • Les protestations liées aux droits économiques et sociaux (87) ont été motivées par l'exploitation du travail des travailleurs indépendants et des soldats (appelés), les amendes excessives et sévères, les féminicides - 29 depuis le début de l'année - les mauvaises conditions de détention, l’abandon des anciens combattants et des retraités, les prix élevés du panier alimentaire de base, les pénuries et la corruption dans les magasins en dollar.

 

  • La référence pour déterminer qui a gagné le 15 novembre n'est pas le nombre de citoyens qui sont descendus dans les rues, mais le nombre de troupes et de ressources militaires, policières et paramilitaires que le gouvernement a jugé indispensable de déployer pour empêcher un autre 11 juillet. Des dizaines de milliers de soldats et de forces de police et paramilitaires ont été mobilisés pendant des semaines pour réprimer les protestations des citoyens. Les arrestations ont commencé dès le 12 novembre, plus de cinquante maisons ont été assiégées en permanence par la police, 87 arrestations ont été effectuées en seulement 4 jours. De nombreuses personnes n'ont pas pu sortir pour manifester car leurs maisons étaient littéralement bloquées. Il s'agissait d'une occupation militaire virtuelle exercée "mètre par mètre" du territoire national, comme l'a souligné la célèbre journaliste indépendante Yoani Sánchez.

 

  • Coût financier et politique important de la répression et de la militarisation. Le coût en capital financier et en capital symbolique (légitimité, crédibilité, influence) que la simple annonce de cette opération répressive a eu pour le gouvernement a été dévastateur, au niveau national et international, avant même le 15 novembre (15N).  C'était la date de la Marcha Cívica por el Cambio (Marche civique pour le changement) convoquée par le mouvement citoyen Archipiélago. Dans les rangs du mouvement pro-gouvernemental, il y a eu des démissions de militants de l'UJC, le refus des voisins (rapporté par plusieurs militants et coordinateurs d'Archipiélago) de se prêter à des actes de répudiation contre les militants démocrates. Même les détenus d'une prison de Villa Clara se sont habillés en blanc, ont jeûné en signe de protestation pendant 24 heures et ont refusé d'accomplir un acte de répudiation à un prisonnier politique emprisonné à la suite du 11 juillet.

 

  • le consensus général selon lequel une dictature contrôle le pouvoir à Cuba a été consolidé. La nature réactionnaire et criminelle de la nouvelle oligarchie politico-militaire est devenue évidente lorsqu'elle a fait fi de sa propre constitution et de son propre système judiciaire, s'aliénant ainsi sa propre base de soutien et l'opinion publique internationale.

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